Tunisie – Les policiers réquisitionnés pour fermer les restaurants à Carrefour

Après la descente de policiers à Ennasr, pour fermer les lieux de restauration (dont certains ont rouvert entretemps, suite à la pression médiatique qui a suivi), les forces de l’ordre ont été réquisitionnées, cette fois-ci, pour fermer les enseignes de restauration rapide qui se trouvent à l’intérieur du centre commercial, Carrefour. 
Selon les témoignages concordants des personnes présentes sur place, les policiers sont venus fermer le fast-food appartenant à la chaine « Baguette & Baguette » et « Piazza Navona », situé en face, affirmant qu’ils sont là pour exécuter les ordres qui leur ont été adressés, en application à une circulaire en vigueur. Les policiers auraient de plus affirmé que cette fermeture est également préventive, afin d’éviter que les salafistes ne viennent « tout casser ». Il a ensuite été demandé aux managers des deux enseignes de se rendre au poste police. 
Vers 15 heures, le rideau à moitié fermé, la première enseigne a, effectivement, cessé toute activité. Les employés sur place préviennent les clients potentiels qu’ils ne seront pas servis (précisons que pendant ramadan, il s’agissait seulement de vente à emporter). L’un d’eux affirmera à Business News, qu’il ne s’était rien passé, pour consentir par la suite à avouer que les policiers étaient effectivement venus. « On obéit aux ordres, nous savons qu’il n’y a aucune loi qui justifie la fermeture des restaurants, mais si les policiers nous demandent de fermer, nous fermons », affirme-t-il. « Ils représentent le pouvoir, renchérit son collègue, ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent ». 
En face, à Piazza Navona, les forces de l’ordre s’étaient, d’après les employés, trompées de cible. « Ils ont dû remarquer qu’on avait l’air ouvert et ils sont venus nous demander de fermer, alors que nous sommes ici pour préparer le menu de la rupture du jeûne, nous ne servons pas en journée », ont-ils affirmé à Business News. 
Selon plusieurs avocats interrogés, si une telle circulaire existe, ordonnant la fermeture des restaurants, en journée, pendant ramadan, celle-ci n’a aucune valeur légale. Rappelons également que Khaled Tarrouche, porte-parole du ministère de l’Intérieur, avait affirmé que les restaurants avaient la possibilité d’ouvrir dans les zones touristiques et les quartiers commerciaux modernes. Si Carrefour, selon un des policiers sur place, ne constitue pas une zone touristique, qu’en est-il de la définition de « zone commerciale moderne » ? Une législation, ou une absence de législation qui reste floue et qui prête à un ensemble d’interprétations. Enfin, si ces fermetures sont préventives et dues à une « menace salafiste », cela jette le discrédit sur la capacité de la police à protéger les citoyens contre ceux qui menacent leur sécurité.
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